Jérôme BEHUET

Développeur | Freelance

Vivre avec ses démons

Développeur passionné et autodidacte, l’estime de soi face à ses pairs.

(6 min)

pièce d'échec

Depuis maintenant plusieurs années je suis développeur, autodidacte et je n’ai pas de formation en informatique, pour le moment rien de particulier me direz-vous, seulement j’aimerais aborder dans cet article un point que bien souvent nous n’entendons que peu, l’estime de soi face à ses pairs.

Estime de soi

Estime de soi est un terme désignant le jugement ou l’évaluation faite d’un individu en rapport à sa propre valeur.

Wikipédia

Pourquoi ce sujet qui semble de prime à bord bien souvent liée à notre expérience personnelle ?

Je veux aborder ici, le fait qu’il arrive au fil de nos rencontres, de nos expériences professionnelles que l’on soit amené à être confronté à des personnes ou des communautés très élitistes laissant transparaitre une intransigeance face à la moindre faille et ainsi mettant à mal notre estime de soi.

L’exemple le plus probant, où l’on attend de nous que l’on soit infaillible étant celui des tests de recrutement où bien souvent on attend de nous de connaitre par coeur des notions théoriques ne reflétant en aucun cas notre capacité à résoudre un problème.

A quoi servent ces tests de recrutement réellement, quel est l’objectif attendu en plaçant le candidat dans une situation où il ne réussit pas assez ou rate ? Mettre le candidat dans un rapport de forces dominé / dominant et mettre ainsi ladite entreprise en position d’élite aux yeux du candidat ?

homme en costume

Est-il nécessaire de rappeler que le droit français prévoit une période d’essai au contrat de travail ?

La période d’essai permet à l’employeur d’évaluer les compétences du salarié dans son travail, notamment au regard de son expérience, et au salarié d’apprécier si les fonctions occupées lui conviennent.

Article L1221–20

Je ne dis pas que tous les tests de recrutement se passent ainsi, car j’estime également qu’il est important d’avoir un échange technique avec le candidat, mais un échange approprié en fonction du candidat issu d’un parcours conventionnel ou bien d’un autodidacte.

Autodidacte

Qui s’est instruit par lui-même, sans professeur

Larousse

Premier défi en tant qu’autodidacte est de faire face aux acteurs traditionnels, les grands groupes et les ESN, qui demeurent attachés aux diplômes pour lesquels nous n’entrons pas dans leurs “grilles” et pour qui nous sommes des ovnis. Qui bien souvent ne manquera pas de vous rappeler ce manque de diplôme afin de dévaluer si possible votre salaire surtout si vous avez encore peu d’expérience professionnelle, mettant en doute vos compétences, en montrant une certaine méfiance face à votre profil d’autodidacte.

Mais une fois passé l’épreuve du premier contrat signé et que l’on a enfin les pieds dedans ou plutôt les mains dans nos premières lignes de code (pour lesquelles nous sommes rémunérées), nous y sommes, nous sommes développeurs, prêt à en découdre !

Cependant, on ressent un certain décalage, une différence, un sentiment de non-appartenance à un groupe, ce groupe ce sont nos collègues qui ont un parcours plus classique. Ce changement de regard que l’on nous porte intervient lors d’échanges sur des sujets abstraits, des concepts théoriques que l’on n’a pas appris à l’école plaçant notre ego dans une zone d’inconfort tandis que l’on a une notion plus pragmatique dudit concept.

Comme tous développeurs, l’autoformation occupe une place importante. Il est important d’acquérir de nouvelles compétences, de nouveaux automatismes et c’est pour l’autodidacte sans doute un exercice qu’il a l’habitude de faire car toutes ses connaissances sont basées sur l’autoformation mais c’est aussi des moments propices à mettre à l’épreuve notre motivation, car pour un développeur apprendre est essentiel, notre métier est très exigeant : “Apprend ou crève”.

Et c’est pour moi cette exigence qui met à l’épreuve notre estime de soi face à l’avènement de notre métier et toute cette hype. L’exigence qu’implique notre métier, les échanges avec nos pairs sur un nouveau framework à la mode, de nouvelles méthodes de travail, l’évolution de tout cet écosystème, tout cela peut provoquer ou accroître certaines peurs ou permet de développer facilement ce qui est communément appelé le syndrome de l’imposteur également appelé syndrome de l’autodidacte (doute qui consiste essentiellement à nier la propriété de tout accomplissement personnel).

homme seul sur son ordinateur

Je ne vais pas m’attarder sur ce qu’est le syndrome de l’imposteur de nombreux articles en parlent (article de David Wash), mais c’est bien souvent lui qui se cache derrière les difficultés qui met à mal notre ego et notre estime de soi. Cette petite part de nous qui nous fait sentir illégitime dans notre travail, face à nos pairs, nous bloquant lors de la prise de parole sur un sujet technique ou lors de prises de décisions. Pourtant comme tout à chacun, nous sommes tous faillible et faisons des erreurs.

Tous faillible

“L’intolérance n’est de droit que pour l’infaillibilité. Les Hommes ont le devoir d’être mutuellement tolérants, parce qu’ils sont tous faillibles”

Charles Dollfus

On peut prendre le parallèle de la situation où l’on rentre chez nous en voiture, notre vigilance sera plus accrue sur des routes inconnues plutôt qu’à quelques kilomètres de notre domicile sur des routes que l’on parcoure quotidiennement. Lorsque l’on code, on est amené à travailler sur des sujets que l’on ne connaît que très peu, nous serons plus attentifs à ce que l’on fait et inversement sur un sujet que l’on maîtrise nous serons plus enclins à faire des erreurs.

Il y a quelques mois de cela certains développeurs ont fait ce que l’on peut nommer leur coding out, en avouant leur “péché” en matière de développement :

David Heinemeier Hansson a écrit un tweet où il indique :

Bonjour, je m’appelle David. Je ne parviendrais pas à écrire un tri à bulles sur un tableau blanc. Je cherche du code sur Internet tout le temps. Je ne fais pas d’énigmes

A la suite de cela de nombreux autres développeurs ont répondu à ce tweet en avouant eux aussi leurs “péchés”.

Qui n’a jamais été chercher une information qu’il connaît sur Stack Overflow ? Comme si nous cherchions une confirmation, une validation de ce que nous codions, dus à la mésestime de soi. C’est aussi un automatisme que nous avons appris, une déformation à ne pas retenir le code mais plus le concept et les mots-clés qui y sont rattachés afin d’effectuer une recherche efficace.

Conclusion

Il est important de s’estimer soi et son parcours et ne pas chercher à se juger sur des critères qui ne s’applique pas à soi en tant qu’autodidacte, savoir que nous avons une approche moins conventionnelle, un esprit plus pragmatique que théorique.

Accepter d’être faillible, de ne pas être parfait mais toujours chercher à progresser et avoir une estime de soi honnête sans se mettre une pression trop importante.

Vos points forts sont peut-être les faiblesses d’un autre et connaitre ses propres faiblesses est important, ainsi vous trouverez les associations nécessaires pour vous permettre de progresser.

Cet article reflet beaucoup mon expérience personnelle cependant je voulais vous la partager et par ailleurs, si j’ai publié cet article c’est aussi ma manière de travailler sur ma propre estime.

moi, face à un lac

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